Une habituée du tapis rouge depuis 1992

Nicole Kidman, récompensée par un Oscar pour son rôle dans Les heures, n’a plus de secrets à garder avec le Festival de Cannes. Sa première montée des marches remonte à 1992, lorsqu’elle faisait ses débuts sur la Croisette pour Cuori ribelli, filant à travers les flashs aux côtés de Tom Cruise. Depuis, elle a enchaîné les collaborations prestigieuses : la provocante Dogville de Lars von Trier, l’opulente Moulin Rouge ! de Baz Luhrmann, ou encore l’étrange Le sacrifice de l’agneau sacré de Yórgos Lánthimos. Fidèle à l’atmosphère « glam » et exclusive du Palais des Festivals, Kidman y vient aussi pour porter haut la voix des actrices et réalisatrices, en écho à son engagement croissant pour la place des femmes derrière la caméra.

Le Woman in Motion Award : une reconnaissance engagée

Cette année, elle a reçu le Woman in Motion Award, prix décerné par la fondation du même nom, placée sous l’égide de Kering. Plus qu’une distinction honorifique, il symbolise un appel à la parité dans l’industrie cinématographique. Lors de la cérémonie organisée à l’hôtel Majestic, Nicole Kidman est montée sur scène, émue, pour saluer le travail des réalisatrices et rappeler que l’image d’une femme au sommet d’un film se construit bien avant l’apparition du nom au générique.

La promesse de 2017 : collaborer avec une réalisatrice tous les 18 mois

Au milieu des applaudissements, Kidman a retracé un engagement personnel pris en 2017 : elle s’était jurée de tourner sous la direction d’une femme au moins tous les 18 mois. À ce jour, l’actrice a tenu son pari avec une assiduité remarquable :

  • Depuis 2017, elle a collaboré avec 27 réalisatrices différentes.
  • À travers des projets variés : drames intenses, thrillers psychologiques ou comédies sentimentales.
  • Elle évoque des noms comme Jane Campion, Susanne Bier, Gia Coppola ou Céline Sciamma.
  • Pour son prochain film, un projet « inquiétant », la réalisatrice reste pour l’instant un mystère complet.

Ce parcours témoigne non seulement de son exigence artistique, mais aussi de sa volonté de donner de la visibilité à des voix féminines souvent marginalisées. Kidman explique : « Ce n’était pas un coup de communication, mais un engagement intime. Je voulais briser la routine d’embauches exclusivement masculines, créer un véritable « champ de force » autour des réalisatrices pour les protéger et les encourager. »

Des chiffres encore dérisoires pour les réalisatrices

Malgré ces efforts personnels, le constat reste alarmant : les femmes ne représentaient au Festival de Cannes 2025 que 15 % des réalisateurs en sélection officielle, et moins de 12 % des réalisateurs de longs métrages produits dans le monde sont de sexe féminin. Kidman déplore une industrie qui hésite à prendre des risques : « Trop souvent, on se demande : “Et si une femme rate ?” On ne se pose pas la même question pour un homme. »

Un prochain film sous le signe de l’inquiétude

Sans dévoiler le titre ou le nom de la cinéaste, Nicole Kidman a laissé filtrer quelques indices sur son projet à venir :

  • Il s’agira d’un thriller psychologique, un genre où les femmes réalisatrices innovent depuis quelques années.
  • Le tournage devrait débuter à l’automne, avec une sortie espérée pour le Festival de Cannes 2026.
  • Le scénario devrait plonger dans des thèmes de paranoïa, d’identité et de perte de repères.

Cette discrétion totale, selon elle, provient du désir de laisser toute la place à l’autrice, sans que son nom ne soit éclipsé par la « star » que représente Nicole Kidman.

Le rôle clé du « Women in Motion »

Depuis plusieurs années, la fondation Women in Motion organise panels, masterclasses et prix pour soutenir les femmes dans l’audiovisuel. Parmi ses actions marquantes :

  • Un programme de mentorat pour jeunes réalisatrices.
  • Des résidences d’écriture à travers l’Europe.
  • La mise à disposition de fonds pour coproductions féminines.
  • La remise annuelle de deux trophées : l’un pour la carrière, l’autre pour la découverte d’un talent émergent.

Nicole Kidman insiste sur l’importance de ces initiatives : « Elles montrent qu’il n’y a pas de fatalité. Si on met les moyens financiers et humains pour accompagner les femmes, elles émergent, créent, et le public suit. »

Un modèle pour les futures générations

En continuant son engagement, l’actrice veut envoyer un signal fort aux jeunes comédiennes et réalisatrices : on peut concilier exigence artistique et soutien concret à la création féminine. À l’heure où l’on discute du prochain tournant du cinéma mondial – streaming, financement transnational, émergence de nouveaux marchés – son initiative reste un repère essentiel. Sous les projecteurs de Cannes, Nicole Kidman incarne ce « leadership inclusif » qui fait la différence dans une industrie en pleine mutation.

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