Depuis plusieurs mois, Gaza connaît une crise humanitaire sans précédent. Au cœur de ce conflit, des bénévoles médicaux œuvrent sans relâche pour sauver des vies, dans des conditions souvent a minima. Parmi eux, la chirurgienne italienne Tiziana Riggio, engagée auprès de l’association Ideals, raconte un quotidien où la pénurie de moyens et la violence ambiante obligent à des compromis inimaginables en Occident.
Un engagement volontaire en zone de guerre
Dès son arrivée à Gaza, Tiziana a découvert un hôpital débordé par l’afflux des blessés civils, notamment des enfants. Les couloirs sont transformés en salles d’attente improvisées, et chaque lit compte. La chirurgienne, habituée à des centres de pointe en Italie, a d’abord ressenti un choc culturel et technique, avant de décider de mettre ses compétences au service de la population locale.
Fonctionnement de la chaîne de soins avec Ideals
L’association Ideals, créée par des professionnels de santé européens, coordonne l’envoi de personnel et de matériel médical à Gaza. Ses principaux objectifs :
- Équiper en urgence les blocs opératoires ;
- Former les équipes locales aux techniques avancées lorsque c’est possible ;
- Assurer un soutien psychologique auprès des victimes et du personnel expatrié.
Malgré les difficultés logistiques – passages frontaliers imprévisibles, coupures d’électricité – Ideals maintient ses rotations de chirurgiens, anesthésistes et infirmiers.
Des opérations sans anesthésie : un cauchemar quotidien
Le manque de stocks d’anesthésiques pousse parfois Tiziana et son équipe à opérer sans protocole complet. Les témoignages qu’elle rapporte sont glaçants :
- Enfants amputés sans analgésie suffisante, hurlant de douleur au bloc opératoire ;
- Victimes de bombardements admises en état de choc, insuffisamment sédatées pour une intervention urgente ;
- Infections sévères nécessitant des incisions à vif faute d’inhalation contrôlée d’oxygène et d’analgésiques adaptés.
« Ce sont des situations de gravité extrême, que l’on n’imagine pas voir en Occident », confie la chirurgienne. Le personnel médical improvise les protocoles, avec des dosages réduits ou des cocktails de produits disponibles, tout en veillant à éviter un arrêt cardiaque.
La prise en charge des enfants orphelins
Parmi les cas les plus déchirants, Tiziana évoque celui d’un garçonnet qui a perdu ses parents sous les décombres d’un immeuble effondré. Arrivé au bloc avec des fractures multiples et un état de déshydratation sévère, il a subi plusieurs interventions successives :
- Réduction des fractures sans anesthésie complète, limitée à une sédation légère ;
- Greffes de peau réalisées à vif, sans pansements stériles ;
- Soins postopératoires quasi impossibles, faute de produits antiseptiques et de matériels de surveillance.
Pour ces enfants, la chirurgie devient un passage douloureux, mais indispensable à leur survie. Tiziana souligne l’impact psychologique durable de ces expériences chez les jeunes patients et chez le personnel soignant.
Les défis logistiques et humains
Au-delà des manques de médicaments, le personnel fait face à :
- Des coupures fréquentes d’électricité, rendant les respirateurs et les lampes chirurgicales instables ;
- Des pénuries d’eau courante, indispensable pour la stérilisation du matériel ;
- Un stress constant, entre la peur des bombardements et la pression de devoir sauver toujours plus de vies.
Malgré ces obstacles, Tiziana s’appuie sur la solidarité des équipes internationales et sur le courage des médecins palestiniens, déterminés à ne pas céder face à l’adversité.
Solidarité et soutien international
L’expérience de Tiziana illustre l’importance du soutien mondial :
- Mobilisation de dons de médicaments et de matériels par des ONG et des particuliers ;
- Appels à la réouverture de couloirs humanitaires sécurisés ;
- Campagnes de sensibilisation en Europe pour plaider en faveur de pauses humanitaires.
Chaque euro collecté permet d’acheter des seringues, des lames de cathéter ou des pochettes sanguines, éléments vitaux dans un hôpital en état de siège.
La médecine comme acte de paix
À travers le récit de Tiziana, la chirurgie humanitaire apparaît comme un pont entre les cultures et un vecteur d’espoir. Soigner, même dans l’urgence et les contraintes, devient un acte politique : celui de préserver l’humanité dans un territoire marqué par la violence.
Son témoignage puissant nous rappelle qu’en chaque procédure médicale, derrière les gestes techniques, il y a une histoire de résilience, d’empathie et de solidarité sans frontières.