La célèbre piste cyclable de 13 km « Radhauptverbindung München–Süd » suscite un véritable débat entre les adeptes de la petite reine et les pouvoirs publics. Alors que le tronçon parfaitement asphalté attire familles, seniors à vélo électrique et amateurs de sensations fortes, certains cyclistes dépassent régulièrement 50 km/h, créant des situations de danger. Face à cette « invasion » de fous du guidon, le maire d’Oberhaching propose d’installer des radars pour verbaliser les « Radl-Raser » (cyclistes délinquants). Plongée dans cette controverse où sécurité et mobilité douce s’entrechoquent.

Un projet de mobilité exemplaire bousculé par la vitesse

Initiée pour promouvoir la transition écologique, la piste Munich–Süd traverse le Perlacher Forst en ligne droite, offrant un terrain de jeu idéal à la pratique du vélo quotidien. Ensoleillée ou bruineuse, elle reste prisée par près de 5 000 cyclistes chaque jour lorsque le thermomètre grimpe. Mais son succès est aussi son talon d’Achille : la vitesse excessive de certains engendre stress et incidents.

Des usagers hétéroclites en cohabitation difficile

  • Familles et touristes : joignant l’utile à l’agréable, ils se rendent aux biergärten ou profitent d’une balade bucolique.
  • Seniors à VAE : confort et assistance, mais rythme plus lent qui fragilise la dynamique du peloton.
  • Cyclistes sportifs : vélos de route, tenue moulante et foulées rapides, jusqu’à 60 km/h relevés par les témoins.

Les ralentissements soudains et les écarts de vitesse augmentent le risque de collision entre profils et provoquent de vives tensions.

Mesures déjà prises pour ralentir le trafic

  • Limite à 30 km/h : instaurée sur l’ensemble du parcours pour préserver la sécurité de tous.
  • Zone à 10 km/h : près de la Kugler-Alm, point de convergence piéton-auto-vélo, jalonnée de panneaux et de marquages au sol.
  • Trois ralentisseurs métalliques : posés en 2025, ils déstabilisent les pneus fins des vélos de route, incitant à ralentir.

Ces aménagements, bien qu’efficaces sur certains profils occasionnels, n’arrivent pas à endiguer la vitesse des plus déterminés.

L’idée du maire : des radars pour cyclistes

Stefan Schelle (CSU), un fervent défenseur du vélo en tant que mode de déplacement durable, propose désormais le recours aux radars automatiques. L’objectif : signaler et verbaliser tout excès de vitesse détecté sur ce tronçon, afin de contenir les excès et responsabiliser les « Rowdys » du guidon.

  • Principe : capter tout véhicule dépassant la vitesse autorisée, y compris les cycles.
  • Effet dissuasif : faire passer le message que même un cycliste n’échappe pas aux règles.
  • Prévention : réduire les comportements à risque avant qu’ils ne provoquent des accidents graves.

Obstacles techniques et légaux

Si la technologie de radar (fixe ou mobile) peut mesurer la vitesse de tout engin routier, elle n’est toutefois pas homologuée pour les bicyclettes. Deux freins majeurs s’opposent à la proposition :

  • Absence d’homologation officielle : les appareils de la police ne sont validés que pour les automobiles et motos.
  • Validité juridique : une contravention émise sur un cycliste pourrait être annulée en justice, faute de cadre réglementaire explicite.

Malgré ces limites, le débat met en lumière la nécessité d’adapter les outils de contrôle à toutes les formes de mobilité.

Pistes d’alternatives pour pacifier la piste

Sofia propose plusieurs solutions complémentaires qui préserveraient l’usage partagé sans verser dans la sanction systématique :

  • Signalisation dynamique : panneaux connectés affichant la vitesse instantanée aux cyclistes, pour prise de conscience immédiate.
  • Médiateurs cyclistes : agents à vélo distribuant flyers sensibilisant aux règles et encourageant la courtoisie.
  • Aménagement de voies parallèles : couloir dédié aux cyclistes rapides, séparé de la voie générale, afin d’éviter les croisements dangereux.
  • Campagnes de prévention : affiches et réseaux sociaux mobilisant la communauté sur l’importance du respect mutuel.

Le rôle des usagers et de la communauté

Pour que la cohabitation fonctionne, chaque cycliste peut contribuer :

  • Port du casque et gilet réfléchissant : même en été, la visibilité reste cruciale.
  • Réduction de vitesse à l’approche de zones mixtes : ralentir dès que l’on aperçoit piétons ou autres cyclistes.
  • Utilisation d’apps vélo : applications comme Strava ou Komoot proposent des alertes de vitesse et des suggestions de trajets alternatifs.
  • Partage d’expériences : témoignages sur les réseaux ou forums locaux pour encourager les bonnes pratiques.

L’enjeu est de conserver l’esprit convivial d’une piste cyclable exemplaire tout en garantissant la sécurité de tous. À Munich, la réflexion reste ouverte et doit aboutir à des solutions adaptées à l’essor continu de la mobilité douce.

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