À travers son objectif, Cinzia Canneri a capturé des récits de vie poignants et édifiants, plongés dans les mondes entrelacés du colonialisme et du patriarcat. Ce projet de longue haleine sur les femmes érythréennes lui a valu d’être honorée lors de l’édition 2025 du prestigieux concours World Press Photo, célébrant ainsi la persévérance de cette psychologue devenue photographe par passion. Le travail de Canneri jette une lumière nécessaire sur des histoires souvent cachées sous le voile de l’oubli ou de l’indifférence.
Des débuts incertains mais déterminés
Avec une formation en psychologie, Cinzia Canneri n’avait pas prédestiné son avenir à la photographie. C’est par un hasard inspiré qu’elle découvrit l’art de capturer le monde à travers un objectif, ressentant une émotion viscérale qui lui révéla une nouvelle façon de voir la réalité. Travaillant à l’origine comme éducatrice, elle offrit un cours de photographie à ses patients, expérience qui servit de catalyseur à sa vocation.
Cette tentative apparemment anodine a déclenché un amour durable qui allait la mener à traverser le monde, capturant des images qui résonnent par leur profondeur et leur humanité.
L’histoire des femmes érythréennes
Le projet sur les femmes érythréennes démarra presque accidentellement, nourri par une curiosité tenace pour les histoires non racontées de femmes que Canneri rencontra d’abord dans les centres d’accueil en Italie. Interrogée par l’absence visible des femmes parmi les migrants érythréens par rapport aux hommes, elle chercha à comprendre leur parcours.
En visitant l’Éthiopie, l’Égypte, le Soudan, ainsi que les camps de réfugiés, Canneri a écouté les voix de celles qui n’étaient jamais parties, souvent en raison de responsabilités familiales pressantes ou d’une incertitude quant à l’avenir. Les difficultés qu’elles rencontrent retracent une lutte universelle des genres imposée par des siècles d’oppression socioculturelle.
Récompense et reconnaissance
Les photographies de Canneri et leur narration puissante lui ont apporté une reconnaissance méritée, notamment pour leur capacité à raconter des histoires profondes avec une touche de compassion. Gagnante de la catégorie « Projet de longue durée » du World Press Photo, elle incarne la valeur d’un journalisme engagé, où chaque image devient une voix pour ceux qui crient en silence.
Son travail lui a permis d’explorer les points de convergence entre ses compétences en psychologie et sa pratique photographique : observer l’autre dans sa vulnérabilité tout en maintenant une réciprocité humaine essentielle. En écoutant et en partageant ces récits, elle tend un miroir qui reflète les batailles non seulement personnelles mais collectives que les femmes érythréennes mènent contre la privation des droits et l’injustice.
Une vie de défis et de réalisation
Équilibrer sa carrière naissante de photographe avec une vie personnelle exigeante, notamment le rôle de mère, n’a pas été simple. Pourtant, Canneri a persévéré, en affrontant les défis que la vie professionnelle impose aux femmes, sans relâche dans sa quête pour donner une voix à celles qui peinent à se faire entendre.
Au-delà des prix et des honneurs, l’impact réel de son travail réside dans sa capacité à éveiller les consciences et à inciter à un changement social autour des questions des droits des femmes, de la justice sociale et de la résilience face aux structures oppressives. Son exploration photographique demeure un acte profondément empathique, rapatriant dans l’optique collective des récits passés sous silence, attendant d’être révélés à une lumière accablante.