Ce 13 juin 2025, le gouvernement italien a promulgué un nouveau décret fiscal offrant un véritable bol d’oxygène aux travailleurs indépendants. Parmi les mesures phares figure le report au 21 juillet du paiement des impôts initialement dûs au 30 juin. Une avancée attendue par près de 4,6 millions de contribuables, qu’ils soient en régime « forfettario » ou soumis aux indices de performance ISA.
Qui peut bénéficier du report ?
Le report de trois semaines ne concerne pas l’ensemble des contribuables, mais se limite à deux catégories clés :
- Les travailleurs en régime forfettario : ce régime simplifié, ouvert aux petites entreprises et professions libérales, applique un barème forfaitaire de charges et impôts. Les forfettari échappent à la définition classique de la TVA et bénéficient d’un taux réduit sur leur chiffre d’affaires.
- Les professionnels relevant des indices ISA : ces Indicateurs de Situations Economiques, mis en place pour évaluer et classer la fiabilité fiscale des métiers, concernent ingénieurs, commerçants et de nombreuses autres catégories. Les assujettis ISA fournissent chaque année une « pagella fiscale » certifiant leur respect des obligations déclaratives.
En cumulant ces deux populations, on atteint environ 4 600 000 contribuables, dont le paiement des impôts de juin est désormais repoussé sans pénalité.
Objectifs et raisons de la prorogation
Les principales motivations avancées par l’exécutif sont :
- Adapter le calendrier : face à la complexification des règles fiscales et à l’entrée en vigueur de nouvelles dispositions sur le concordato preventivo biennal (mécanisme de restructuration des dettes), il devenait urgent d’accorder un délai supplémentaire.
- Alléger la trésorerie : en pleine saison de versement des acomptes, de nombreux indépendants peinent à boucler leur budget de juin. Le report offre un répit financier.
- Répondre aux assouplissements européens : les recommandations de la Commission encouragent les États membres à moduler leurs échéances fiscales pour stimuler l’activité économique.
Les fédérations professionnelles, telles que la Confédération des Artisans et Petites Entreprises, avaient multiplié les appels afin d’obtenir ce geste de « solidarité économique ».
Modalités pratiques du décalage
Le repoussage au 21 juillet s’applique automatiquement aux échéances suivantes :
- Versement de l’acompte IRPEF ;
- Versement de l’acompte de l’IRAP (impôt régional) ;
- Solde IVA pour les forfettari assujettis à la TVA.
Aucun intérêt moratoire ni majoration ne sera appliqué si le règlement intervient avant la nouvelle date bloquée du 21 juillet. Il suffit de modifier l’ordre de paiement ou d’indiquer la date adaptée dans le portail de l’Agence des Recettes.
Dédicace aux dépenses de mission à l’étranger
Parmi les autres dispositions notables, le décret étend la déductibilité des frais de mission à l’étranger même lorsque ceux-ci ont été réglés par des moyens non traçables (espèces, cartes prépayées). Concrètement :
- Les frais de déplacement (transport, hébergement, restauration) hors du territoire national sont désormais validés sur simple note de frais, sans exiger un justificatif CB.
- Cette mesure inclut tant les travailleurs indépendants que les salariés en déplacement professionnel.
En effet, l’obligation de traçabilité reste maintenue pour les transactions sur le sol italien, mais s’allège pour les dépenses réalisées à l’étranger, où les moyens de paiement peuvent être moins accessibles ou uniformisés.
Ce qui reste en suspens
Malgré ces avancées, plusieurs dossiers fiscaux demeurent ouverts :
- La « rottamazione ter » (échéancier de remise de dettes fiscales) n’a pas encore reçu de calendrier précis.
- Le plan de réduction de l’IRPEF, très attendu par les classes moyennes, reste en cours de chiffrage budgétaire.
- La Sugar Tax, conçue pour taxer les boissons sucrées, voit son financement et son application reportés, sans nouveau calendrier.
Ces mesures attendues pourraient néanmoins faire l’objet de prochains décrets durant l’été, en vue de la loi de finances 2026.
Impact économique et ressentis
Pour les entrepreneurs et freelances, ce report représente une bouffée d’oxygène :
- Gestion de trésorerie simplifiée, notamment pour ceux dont le chiffre d’affaires subit des variations saisonnières.
- Temps de préparation accru pour anticiper les déclarations et événements comptables, évitant les erreurs ou omissions.
- Sentiment de soutien des pouvoirs publics, renforçant la confiance dans les relais institutionnels.
Les experts-comptables, quant à eux, saluent la clarté du message du gouvernement, même s’ils appellent à préserver un calendrier global plus stable pour éviter les reports successifs.
Prochains jalons à suivre
Alors que le délai du 21 juillet approche, les prochaines semaines seront déterminantes pour :
- La publication des modalités de la « rottamazione ter » et de son calendrier d’inscription.
- L’arbitrage budgétaire concernant la baisse programmée de l’IRPEF, envisagée pour soulager les ménages.
- Les modalités de la VAT numérique pour les services en ligne, qui doit s’aligner sur les normes européennes cet automne.
En dépit des enjeux encore non résolus, cette première salve de mesures offre un tempo propice à la préparation d’un second semestre plus serein pour les 4,6 millions de petits entrepreneurs et indépendants italiens.