Il y a soixante ans, Pier Paolo Pasolini parcourait l’Italie pour écouter ce que les Italiens pensaient de la sexualité, de l’amour et des mœurs à travers son documentaire intitulé « Comizi d’Amore ». Aujourd’hui, c’est au tour de Karla Hiraldo Voleau, photographe franco-dominicaine, de s’engager sur un chemin similaire. Dans un monde radicalement transformé par les enjeux modernes, elle interroge et photographie la jeunesse pour découvrir leurs pensées et leur identité.

Les jeunes d’aujourd’hui face aux questions d’hier

Karla Hiraldo Voleau lance son projet « Frammenti » inspiré par l’œuvre de Pasolini après avoir été marquée par l’audace et la simplicité du procédé. À travers son objectif, elle tente de saisir l’essence de la jeunesse actuelle, les défis qu’elle affronte, et ses réflexions sur des questions existentielles. À une époque où les jeunes sont immergés dans des réseaux sociaux omniprésents, ce projet cherche à explorer leurs véritables sentiments en dehors de leurs façades numériques.

Selon elle, le fait d’être légèrement éloignée de l’âge de ses sujets (née en 1992) offre une dynamique bénéfique pour la collecte de confidences. Ces entretiens révèlent une génération marquée par des événements tels que la pandémie de COVID-19, le mouvement #MeToo, et la montée de nouvelles idéologies politiques, rendant leurs intuitions et perspectives particulièrement précieuses.

Questionner l’amour, le genre et bien plus

Les interviews de Voleau démontrent que les différences entre garçons et filles ne sont pas si marquées lorsqu’il s’agit de discuter de leur vie intime. Leurs opinions et maturité évoluent en fonction de leurs expériences personnelles plutôt que de leur genre. Cependant, l’intériorisation des rôles sociaux reste prégnante, influençant la manière dont ils se présentent face à l’objectif.

Les filles, influencées par les médias sociaux, semblent plus rodées à l’exercice de la photographie, maîtrisant gestes et angles, tandis que les garçons paraissent moins spontanés, voire plus réservés.

Une photographie révélatrice de la société

Le projet « Frammenti » est également riche par sa diversité géographique. De la Sardaigne à Venise, en passant par Rome et l’Émilie-Romagne, Voleau a découvert que la classe sociale impacte de manière plus significative les réponses que les différences régionales. Elle poursuit son voyage avec l’ambition d’inclure toutes les régions italiennes afin de capter la véritable complexité de cette génération.

Ses portraits s’accompagnent de récits vibrants : Anastasia, 17 ans, parle de la confiance mise à mal par ses expériences relationnelles ; Elias, 18 ans, exprime une conscience aiguë des disparités de genre ; tandis que Veronica, ayant survécu à une relation toxique dès 14 ans, partage ses traumatismes et espoirs pour l’avenir.

« Frammenti » vise non seulement à comprendre, mais aussi à ouvrir le dialogue à travers des événements et des conférences qui pourraient renforcer les liens entre la jeunesse et les générations futures. La vision de Voleau dépasse la simple photographie : elle offre une plateforme d’échange et de compréhension, essentielle dans cette ère numérique fluctuante.

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